- ?

ACTENIUM - FILIERE PHOTOVOLTAIQUE

Filière photovoltaïque - L’impératif de l’industrialisation française
Le point de vue d’un intégrateur européen par Rochdi Ziyat -
Directeur d’Actemium, réseau européen de VINCI Energies, spécialisé dans la mise en oeuvre de solutions pour la performance et la modernisation des sites industriels.

Découvert dès 1839 par Edmond Becquerel l’effet PV n’est utilisé en France que sur les territoires d’outre-mer jusqu’en 2003. Un Grenelle de l’environnement plus tard, la capacité de production est passée fin 2008 à 175 MW (mégawatts) plaçant ainsi la France au 4e rang européen. Une dynamique qui s’affirme puisque au terme de l’année 2009 entre 200 et 300 MW de capacités supplémentaires devraient être raccordées au réseau français mais dont le décollage reste relatif si on le compare aux 1 500 MW allemands. Le développement de la filière française est aujourd’hui soumis à trois conditions : l’efficacité des investissements publics, la construction de la filière amont et des choix stratégiques en matière de R&D. À l’échelle mondiale comme en Europe, les 7 dernières années ont vu la puissance installée multipliée par 10 permettant in fine une réduction des coûts de 40% pour les systèmes et de 30% pour les modules. En toute logique nous ne sommes donc qu’au début du développement de toute une filière dans lequel l’accompagnement des pouvoirs publics aura un rôle déterminant. Le 15 mai dernier, le gouvernement français a lancé un appel d'offres pour la construction d'ici à 2011 d'au moins une centrale solaire par région française, pour une puissance cumulée de 300 MW. A la clé de cet appel d’offre un investissement de 1,5 milliard d'euros, réparti sur trois ans. Autre avantage de choix pour la filière, les dossiers retenus bénéficieront d'un tarif préférentiel d'achat de l'électricité pendant vingt ans à comparer au 30 cts d’euro le rachat du KW actuellement produit auquel EDF est obligé jusqu’en 2012 seulement. À l’échelle de l’Europe, et grâce notamment à la dynamique lancée par le SET Plan voulu par l’Union Européenne, l’EPIA table sur 4,1 milliards d’euros d’investissements d’ici fin 2010 en faveur des capacités de production du silicium - principale matière première pour la filière - et 1,6 milliard d’euros en 2009 pour le développement de production de cellules et panneaux solaires. Un tel développement doit bénéficier à l’ensemble de la chaîne de valeur du photovoltaïque française, de l’industriel purifiant le silicium jusqu’à l’exploitant de systèmes solaires en passant par l’intégrateur d’équipements. Jusqu’ici l’envolée du solaire profite essentiellement aux fabricants étrangers. A l’inverse de l’Allemagne qui depuis une dizaine d’années a massivement investi jusqu’à disposer aujourd’hui d’une véritable Solar Valley qui s’étend de Dresde à Munich, notre pays ne s’est pas encore doté d’une vraie filière industrielle. Pour refaire son retard la filière française aurait tout intérêt à miser notamment sur les « couches minces ». Représentant dès à présent près de 20% du marché mondial, cette technologie devrait encore progresser compte tenu de son niveau de rendement actuel par ailleurs en constante progression. En mettant rapidement la priorité sur la R&D et l’industrialisation de la filière amont (accroissement des rendements de la matière première - productivité des sites de production jusqu’au façonnage des modules - gestion fine du traitement des rejets et des effluents), la France dispose en ces temps nuageux d’une formidable opportunité pour se faire une place au soleil d’un secteur qui se trouve au coeur d’un des enjeux internationaux de notre temps : la production et la fourniture d’Energie propre.